Ropey Altavista Translation Here
Source: L'Humanite
Manchester (Angleterre),
envoyé spécial.
Le football est né en Angleterre. C’est encore outre-Manche qu’il se réinvente. Pour découvrir la dernière évolution de ce sport, il faut se rendre à Manchester. À deux pas de la gare principale de Picadilly, le FC United of Manchester (FCUOM) a pris ses quartiers en plein centre-ville. Ce n’est pas une création anodine dans ce haut lieu du ballon rond britannique. À Manchester trônent déjà les institutions Manchester United, City et Bolton, soit trois des sept actuels leaders de la Premier League. Malgré ses dix divisions d’écart, le FCUOM est pourtant quasi aussi connu que ses trois aînés. Car il est le fruit du rejet de tout ce qu’est devenu le football moderne.
créer un club
fait pour durer
L’acte fondateur du club est sans détour : « Le FC United of Manchester est un nouveau club de foot fondé par d’anciens supporters de Manchester United en rupture. Notre but est de créer un club fait pour durer, appartenant et étant dirigé - démocratiquement par tous ses membres, accessible aux - habitants de Manchester et dans lequel tout le monde peut participer. » Cet acte de naissance, signé le 5 juillet dernier, fleure la révolte. Celle d’un bon paquet de supporters de Manchester United qui ne se retrouvaient plus dans leur équipe favorite depuis son rachat par le milliardaire américain Malcolm Glazer en fin de saison dernière. Le propriétaire des Tampa Bay Buccanners (foot américain) n’a pas caché ses intentions de rendre encore plus profitable le club le plus riche du monde. Quitte à changer ses supporters en vaches à lait.
D’où l’idée de créer une nouvelle structure venue chez des fans des Red Devils en rupture de ban avec la première division professionnelle où certains supporters ne trouvent plus leur place. Mark est de ceux-là : « Derrière la création du FC United, ce n’est pas seulement Glazer qui est visé, mais la façon dont le foot est dirigé. Nous croyons à un foot fait par les fans pour les fans. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Ces autres Diables rouges ont vu le jour en début de saison. Pas question dcette couleur à l’ennemi Manchester United. Pour monter une équipe, il a fallu puiser dans la principale richesse du club : ses supporters. Après un casting et l’arrivée d’autres recrues, le FCUOM s’est lancé à la conquête de la ligue locale, soit l’équivalent de la dixième division amateurs.
comme un symbole de la renaissance
Comme une vraie start-up, le siège de la formation est implanté dans une partie d’un ancien entrepôt remis au goût du jour high-tech. Depuis, le FCUOM voisine avec d’autres entreprises naissantes. Le 37 Ducie Street est planté au milieu des terrains vagues et des chantiers de construction, comme un symbole de la renaissance de la vieille ville ouvrière terrassée par la crise industrielle des années soixante-dix. Les United s’y sont installés...
Depuis le début de la saison, tout roule. L’équipe est solidement accrochée à la première place de la ligue. Elle défraie régulièrement la chronique en jouant devant trois ou quatre mille fans. Comme dans une start-up, la communication entre l’équipe et ses supporters-propriétaires-bienfaiteurs s’effectue sur Internet et par courriels. Comme dans une start-up, le business n’est pas oublié. Puisque le club est appelé à se développer, il faut générer des ressources. On peut donc déjà acheter en ligne le maillot de l’équipe, son bonnet ou son badge. Mais attention, « 100 % des profits générés vont directement et uniquement au club », rappellent ses dirigeants. Manière de préciser que, contrairement à Malcolm Glazer à Manchester United, les dirigeants du FC United ne se paient pas sur la bête...
Nul ne sait jusqu’où ira cette aventure. Il existe certes un précédent : l’AFC Wimbledon, en banlieue de Londres, qui vit toujours. Mais jusqu’à présent le contrat du FC United est rempli. Les supporters ont retrouvé une famille.
Stéphane Guérard